Je n’ai jamais entendu personne me définir l’amour avec autant de
réalisme qu’il m’ait été ensuite donné de ressentir l’extase. Certes,
j’ai lu de nombreux livres, des romans, des histoires absolument
fantastiques, mais aucune d’entre elles ne m’a permis de me sentir
transporté au point d’en changer ma façon de vivre.
J’ai aimé, enfin, je crois que j’ai aimé. J’ai été aimé, je pense que ce
fut de l’amour, mais aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis
toujours pas arrivé à définir ce qu’est l’amour. Je serais au jour
d’aujourd’hui incapable de traduire le sens du mot amour. Je pourrais en
parler des heures, raconter des anecdotes, pleurer d’émotion à
l’évocation d’un souvenir extraordinaire, mais mon cœur restera
perplexe.
Le doute préexistera toujours.
Parfois je me suis rendu compte que l’amour prenait un sens nouveau
quand il était interrompu. Quand la mort achevait une histoire d’amour,
quand elle brisait le cœur de celui qui vit, alors tout d’un coup,
l’amour semblait s’installer dans l’âme du vivant. On pouvait se
rappeler, sentir combien nous avions aimé et combien nous avions été
aimés. Tout d’un coup, nous pouvions faire croître cet amour, l’encenser
et le déifier presque.
N’est-ce pas étrange que ce comportement de l’être humain ? Peut-être le
mien seulement, cela ne m’avait pas vraiment traversé l’esprit, mais
c’est en effet peut-être un comportement que je serais le seul à
ressentir ?
L’amour, je le voyais comme quelque chose de protecteur, de salutaire,
de béni et de transformateur. Mais quand on me protégeait par amour,
cela me rendait malheureux, j’étouffais, je me sentais prisonnier.
Et si l’amour n’aimait pas. Si comme le dit l’écriture l’amour était
inconditionnel. Au fond, la seule traduction qu’on pourrait lui
attribuer, serait de lui donner cette nouvelle définition : l’amour est !
Dans ce cas, si l’amour est, il ne peut aimer ni être aimé. Car il se
diviserait, finirait par préférer l’un ou l’autre. Dire que l’amour est,
c’est admettre qu’il est en toute chose. Il est partout, en tous lieux,
en toute circonstance, en toute intimité et en même temps partout
présent. Présent au passé, présent au présent et présent au futur.
Cet amour qui n’aime pas, n’en éprouve pas le besoin, sinon il serait
narcissique. S’il est amour et qu’il est, alors je n’ai plus besoin
d’être aimé, car je suis l’amour.